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Mardi 22 mai : Poésie et Histoire

Séance orga­ni­sée par Florian Mahot-Boudias

Poésie et Histoire for­ment dans la moder­nité un couple pour le moins sur­pre­nant. Le genre poé­ti­que, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, va bien sou­vent de pair avec un refus de l’his­toire : Baudelaire affirme que le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte l’a « phy­si­que­ment dépo­li­ti­qué » et les sym­bo­lis­tes euro­péens refu­sent le récit et de la réfé­rence his­to­ri­que. Cette logi­que culmine avec le concept de poésie pure dif­fusé en Europe dans l’entre-deux-guer­res. Le poète refuse l’his­toire posi­ti­viste et voue un culte à l’ima­gi­na­tion, sinon à la pensée. Mais si les poètes ont mis au défi la parole nar­ra­tive, ils la réin­tè­grent sou­vent subrep­ti­ce­ment dans la forme. L’étude fon­da­trice de Dominique Combe, Poésie et récit, a mis en valeur les ten­sions entre le nar­ra­tif et un genre poé­ti­que fondé sur la condam­na­tion mal­lar­méenne de « l’uni­ver­sel repor­tage ». Et pour­tant, comme l’a sou­tenu Jacques Rancière, le poète est au centre de l’expres­sion du drame de l’his­toire dans les moments de crise : que l’on pense à Hugo, dans Châtiments, à Éluard et Aragon résis­tants érigés en mythe natio­nal, à Celan et l’expres­sion du sou­ve­nir de la Shoah. Le poète accom­pa­gne l’his­toire de son dis­cours, pro­féré ou chanté. Les sou­bre­sauts de l’épopée aux XIXe et XXe siè­cles en témoi­gnent. Les avant-gardes vouent aussi un culte à l’his­toire, dans la pro­fa­na­tion du passé et dans la sacra­li­sa­tion de l’avenir. Du sur­réa­lisme aux pra­ti­ques contem­po­rai­nes, lit­té­ra­lis­tes et cri­ti­ques, les poètes pen­sent leur ins­crip­tion dans l’his­toire pour la cri­ti­quer et agir sur son cours.

Cette demi-jour­née se pro­pose d’élaborer les liens qui peu­vent unir la poésie et l’his­toire dans la moder­nité, dans une appro­che à la fois théo­ri­que et contex­tuelle.

Salle F103

Programme :

14h-14h30 : intro­duc­tion par Florian MAHOT-BOUDIAS (doc­to­rant Université Paris Ouest Nanterre)

14h30-16h30 : com­mu­ni­ca­tion de Jasmine GETZ (MCF lit­té­ra­ture fran­çaise Université de Lille III)

16h30-17h Lectures de textes poé­ti­ques

Bibliographie :

COMBE Dominique, Poésie et récit  : une rhé­to­ri­que des genres, Paris, José Corti, 1989.

GETZ Jasmine, « Histoire, Poésie, Transmission », Les Temps Modernes, octo­bre 2011, no 665.

GETZ Jasmine (dir.), « Poésie, esthé­ti­que, éthique », La Revue des Sciences Humaines, juin 2007, no 286.

MILLET Claude, Le roman­tisme : du bou­le­ver­se­ment des let­tres dans la France pos­tré­vo­lu­tion­naire, Paris, Librairie géné­rale fran­çaise, coll. « Références », n˚ 609, 2007, vol. 1/, 379 p.

MILLET Claude et REBERIOUX Madeleine (éds.), Hugo et la guerre, Paris, Maisonneuve & Larose, 2002, 432 p.

MURAT Michel, COMBE Dominique, LECLAIR Danièle, MURAT Michel, MET Philippe, HUBERT Étienne-Alain, CREAC’H Martine, QUILLIER Patrick et CORON Antoine, René Char en son siècle, 1 : Journée du 14 juin 2007, Paris, Bibliothèque natio­nale de France, 2007.

RANCIERE Jacques, Politique de la lit­té­ra­ture, Paris, Galilée, coll. « La phi­lo­so­phie en effet », 2007, vol. 1/, 231 p.

RANCIERE Jacques, La parole muette : essai sur les contra­dic­tions de la lit­té­ra­ture, Paris, Hachette lit­té­ra­tu­res, 1998, 190 p.

RANCIERE Jacques (éd.), La poli­ti­que des poètes : pour­quoi des poètes en temps de détres­se  ?, Paris, A. Michel, coll. « Bibliothèque du Collège inter­na­tio­nal de phi­lo­so­phie », 1992, 227 p.

Collectif, « Toi aussi, tu as des armes » : poésie & poli­ti­que, Paris, la Fabrique éd, 2011, vol. 1/, 201 p.

Revue, Écrire l’his­toire : his­toire, lit­té­ra­ture, esthé­ti­que, Marseille, Éd. Gaussen, 2008.

Émissions de France Culture :

http://www.fran­ce­culture.fr/emis­sio...

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